
Bonjour à tous,
Aujourd’hui, je vais faire un exercice que je n’ai pas encore fait sur ce blog. Avec Sophie de l’excellente chaîne youtube Simply Sophie, nous avons décidé de parler d’un sujet commun autour du minimalisme. Pour ma part, j’écris donc un article ici, et elle, elle a fait une vidéo sur le même thème 🙂
D’ailleurs, elle a aussi fait une vidéo sur mon livre ici 🙂 (et je me rends compte que moi-même je n’ai pas fait d’article concernant mon livre, mince!)
Donc, aujourd’hui, je voulais vous parler d’une envie qui lutte souvent contre mon mode de vie minimaliste. Surtout depuis que j’ai mes enfants : cette envie de tout garder en souvenir.
Alors en fait, il y a 2 aspects de cette envie : l’envie de garder vraiment des objets matériels et l’envie de se souvenir de tout en prenant des photos à tout bout de champ.
Les souvenirs matériels
Pour moi personnellement, je n’ai pas gardé beaucoup de souvenirs matériels. Il y a 17 ans, ma vie se limitait au contenu d’une valise. Alors, franchement, les souvenirs matériels, c’était le cadet de mes soucis. Je n’ai donc pas beaucoup de choses à ce niveau-là. Je sais que ma mère a gardé toutes mes cartes de fêtes des mères. Quelque part, je suis contente qu’elle les ait encore, mais je n’éprouve pas le besoin de les voir.
Le seul gros souvenir que j’ai gardé de mon enfance, c’est un gros réveil “Sailor Moon”. J’allais m’en débarrasser cet été, mais ma fille l’a vue, et finalement, celui-ci est devenu un de ses jouets. Je me dis qu’au moins, il ne pourrit pas au fond d’un carton.
Je suis donc arrivée à la conclusion qu’en tant qu’être humain, nous avons plutôt ce sentiment de garder des souvenirs quand il s’agit surtout des choses en relation avec nos enfants. Pourquoi ma mère garde-t-elle mes cartes? Et pourquoi moi j’ai plus de mal à me séparer des affaires de mes enfants que de mes propres affaires?
Ca commence par des petites choses : le premier pyjama (que j’ai d’ailleurs gardé), le premier doudou, le bracelet de naissance, mais aussi tous les cadeaux un peu sentimentaux qu’on reçoit à cette grande période de notre vie de parents : les premiers mois de la naissance d’un enfant. Je me dis, heureusement que je n’ai pas reçu du plâtre pour faire les empreintes de mes 3 bébés, je pense que je me serai beaucoup posé de questions quand au désencombrement ou non de ce genre de cadeau.
Mais ça peut être aussi de plus en plus encombrants, comme tous les jouets accumulés depuis, car on se souvient toujours d’un jour où il a joué avec. Et je connais même un papa qui m’a avouée ne pas arriver à se séparer de la poussette de son fils, alors que celui-ci a désormais 15 ans.
Ces objets nous rappellent tellement de bons moments que nous avons peur, en nous séparant de l’objet, de ne plus nous en souvenir.
Une solution aux souvenirs matériels : la photo ?
J’en ai parlé à maintes reprises ici : ma solution dans bien des cas, c’était de prendre en photo les objets, pour que le souvenir reste intact dans ma tête quand je revois la photo.
Alors j’ai fait ça pour pas mal d’objets. Pour des objets dont je me sentais coupable de me débarrasser, mais dont l’acte de s’en débarrasser lui-même me procurait également beaucoup de bien. Car si une multitude d’objets du quotidien représente un certain poids, un certain encombrement dans nos vies, j’ai ce sentiment que les objets souvenirs ont encore beaucoup plus de poids que la normale. Et quand on arrive à se débarrasser de l’un d’eux, c’est doublement satisfaisant. Quel dilemme d’être tiraillée entre son bien-être et ses souvenirs…
Alors je me suis mise à prendre des photos. Beaucoup de photos. Tout le temps. Quelle facilité avec les technologies actuelles. Avant, il fallait avoir un appareil photo sur soi. Maintenant, avec le téléphone sur nous en permanence, il nous suffit de dégainer celui-ci pour immortaliser un moment.
Et donc, je me suis mise à prendre mes enfants en photo à n’importe quel petit évènement. Pas seulement aux anniversaires, ou pendant les vacances, ou pour les moments importants. Mais aussi dès qu’ils mettent les pieds sur un manège, quand ils se mettent beaucoup de yaourt sur le visage, quand on cuisine ensemble, quand on mange au restaurant… Une frénésie dont je me suis aperçue l’été dernier quand j’ai vu que mon téléphone était saturé, et que la source du problème était les photos.
Mais alors, que ce soit matériel ou numérique, pourquoi aimons-nous garder une trace en souvenir?
Garder des souvenirs pour nos vieux jours ?
Suite au constat que j’ai fait cet été, j’ai essayé de ne pas trop prendre de photos durant nos vacances. Alors que d’habitude je mitraillais tout le temps mes enfants, j’ai laissé passer ces moments. J’ai vraiment laissé mon téléphone de côté. J’étais en digital detox en même temps, on n’avait pas internet.
En fait, dans mes photos, il y a du “je prends cette photo car je le montrerai à telle personne”. Mais une fois que la personne en question l’a vue, je ne me débarrasse pas pour autant de la photo. Et il y a donc aussi le “je prends cette photo pour le garder en souvenir”. Ce n’est pas tant le geste qui est bizarre, c’est l’énorme quantité de photos que je veux garder en souvenir qui l’est.
Ca faisait toujours quelque chose de ne pas faire ce qu’on a l’habitude de faire. Mais ça m’a permis de mieux me poser la question : pourquoi avais-je cette envie de tout garder en souvenir?
En fait, toute cette réflexion m’amène à penser à ce calendrier de la vie du blog WaitButWhy.
Ci-dessous un calendrier de notre vie représenté par des mois, si l’on vit jusqu’à 90 ans. Supposons que l’on donne naissance à notre premier enfant vers 30 ans (le rond vert ci-dessous). Alors si depuis nos 30 ans, nous accumulons tout souvenir en relation avec nos enfants, et qu’après, nous allons faire de même avec nos petits enfants, quelle quantité astronomique de souvenirs nous allons accumuler !
Et finalement, prendrons-nous le temps de tous les revoir plus tard (quand on sera proche du rond violet)? Je n’y suis pas encore, alors je ne peux pas répondre à la question. Je revois certaines photos d’il y a 8-10 ans, et ça me fait sourire. Alors j’essaie de ne garder que les meilleures, car je me dis que quand j’aurais 90 ans, ça ne m’amuserait pas de voir autant d’exemplaires d’un même évènement.
Garder des souvenirs en photo ou matériel, oui, pourquoi pas, mais je pense qu’il faut faire attention à la quantité, comme toujours. Et surtout, tout bien réfléchi, le temps qu’on essaie de garder en souvenir un moment est aussi un temps qu’on se refuse dans le présent.
- “Maman, maman, viens jouer”
- “Attends mon chéri, je te prends en photo d’abord. Tiens-toi droit, arrête de bouger. Non, allez on recommence…”
Je connais des mamans qui n’ont rien gardé de la période de petite enfance de leurs enfants à part les photos, l’une d’elle m’a dit qu’elle s’est débarrassée de tout mais qu’elle a gardé les enfants. Hihi. Je trouve cette réflexion marrante. Moi, j’ai tout de même les premiers pyjamas 😉
Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à aller voir la vidéo de Sophie sur le sujet.
Et vous, vous avez cette envie de tout garder en souvenir?